L’hiver est la période propice à la plantation de nouveaux vignobles. « Quoi et comment planter ? » est la question que se pose le vigneron. La réponse dépend de ce que l’on anticipe en matière de climat et de tendance de marché. C’est un exercice complexe, car un vignoble s’établit pour les 30 années à venir, voire plus, alors que les prévisions de climat et de marché sont plutôt floues à une telle échéance.
Avant de commencer, il faut savoir qu’un pied de vigne est composé d’un porte-greffe (résistant au phylloxera, il constitue la partie racinaire du plant) et d’un greffon (la variété de raisin que l’on souhaite cultiver). Un double choix nécessaire, qu’on ne retrouve pas dans tous les types de cultures.
La première étape passe par le choix de ce porte-greffe. Il s’établit d’abord en fonction du sol (profond ou superficiel, frais ou sec, calcaire ou acide, riche ou maigre, compact ou souple) et, à un degré moindre, du microclimat (précoce ou tardif). Nous réalisons des fosses et des analyses pour qualifier le sol que nous allons planter.
La combinaison de l’évolution climatique et de notre pratique de couverts végétaux nous amène à revenir vers des porte-greffes plus vigoureux et résistants à la sécheresse qui ont, en plus, souvent tendance à retarder les maturités. C’est aujourd’hui le moyen le plus puissant dont nous disposons pour lutter contre l’évolution climatique.
La deuxième étape est le choix de la densité de plantation et du mode de conduite. Là encore, notre stratégie évolue vers des densités plus faibles pour laisser une zone de prospection racinaire plus importante à chaque pied afin de résister aux périodes de sécheresse. De même, nous relevons la hauteur de nos cordons pour mieux résister au gel de printemps, sans pour autant augmenter les hauteurs de feuillage pour limiter l’évapotranspiration et éviter des maturations trop rapides.
Enfin, la troisième étape est le choix du greffon, donc du cépage, pour lequel nous devons faire un arbitrage entre ce qui convient au terroir, ce qui convient à son porte-greffe, ce qui est autorisé par l’AOP, et ce qui convient au marché pour ces 30 prochaines années. Il faut sortir la boule de cristal…
Nous avons choisi de privilégier surtout les cépages blancs, plutôt tardifs, dont les équilibres sont sur des degrés modérés et de belles acidités à maturité. Nous avons donc dû sortir des choix proposés par l’appellation Costières de Nîmes. Nous plantons cette année :
Le Carignan blanc : issu d’une mutation naturelle du rouge, c’est un cépage endémique de la région méditerranéenne. D’une diffusion encore confidentielle, de maturité tardive, légèrement aromatique, moyennement chargé en sucre, il permet l’élaboration de vins minéraux et tendus avec de très belles acidités. Nous comptons l’utiliser pour venir rehausser des assemblages rhodaniens, quelquefois trop opulents. Pour notre Bulle de Nages ?
Le Colombard : originaire du Sud-ouest, ce cépage tardif est très aromatique (fruit de la passion, pamplemousse), arrivant à maturité avec un potentiel alcoolique modéré et une très belle acidité. Il entre aujourd’hui dans l’assemblage de Liberty Nages et participe à sa typicité.
L’Ugni blanc : aussi originaire du Sud-ouest, ce cépage d’une aromatique relativement discret, devient, à maturité, d’une richesse en sucre modérée et d’une bonne acidité. Nous comptons aussi sur lui pour rentrer dans l’assemblage de Liberty Nages.
Nous croyons à la fois à l’adéquation de notre terroir pour la production de vin blanc frais de qualité et au développement de la consommation de ce type de vin. à nous de faire les bons choix en vigne puis en cave pour vous offrir de belles expériences de dégustation.
Michel Gassier
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